La loi de finances pour 2020 comporte plusieurs dispositions impactant la fiscalité immobilière : baisse du taux de TVA applicable aux opérations portant sur les logements sociaux et modification de la taxe sur la création de bureaux en Ile-de-France notamment.
Extension du régime spécial des cessions de locaux professionnels destinés à être transformés en logement
Le régime spécial prévu à l’article 210 F du CGI, permettant l’application, sous conditions, d’un taux réduit d’impôt sur les sociétés sur les plus-values de cession lorsque le cessionnaire s’engage à transformer les locaux cédés en locaux à usage d’habitation, est étendu.
Les organismes de foncier solidaire (OFS) sont intégrés à la liste des cessionnaires visés par ce dispositif de faveur.
Cette disposition s’applique aux exercices ouverts à compter du 1er janvier 2020.
Prolongation de l’exonération en cas de cession d’un immeuble destiné au logement social jusqu’au 31 décembre 2022
L’article 150 U, 7° et 8° du Code général des impôts exonère les particuliers, d’impôt sur les plus-values immobilières réalisées lors de cession de biens immobiliers au profit d’organismes en charge du logement social jusqu’au 31 décembre 2022.
Cette exonération qui initialement prenait fin le 31 décembre 2020 est prolongée de 2 ans.
Baisse du taux de TVA immobilière applicable aux opérations portant sur des logements locatifs sociaux
L’article 278 sexies du CGI est largement réécrit.
Le taux de TVA applicable à certains logements sociaux est réduit à 5,5 % au lieu de 10 % pour les opérations suivantes :
- Les livraisons et les livraisons à soi-même de logements locatifs sociaux financés par un prêt locatif aidé d’intégration (PLAI) ;
- les livraisons et les livraisons à soi-même de logements locatifs sociaux financés par un prêt locatif à usage social (PLUS) situés, y compris partiellement,
- dans un quartier prioritaire de politique de la ville (QPV) lorsque ces logements font l’objet d’une convention de renouvellement urbain
- ou en dehors des QPV
- s’ils font l’objet d’une convention de renouvellement urbain
- ou s’ils sont intégrés dans un ensemble immobilier pour lequel la proportion de logements relevant d’une telle convention, parmi l’ensemble des logement locatifs sociaux financés par un PLAI ou un PLUS , est au moins égale à 50 % ;
- Les cessions de droits immobiliers démembrés desdits logements lorsque l’usufruitier bénéfice du PLAI ou du PLUS et a conclu la convention conditionnant l’application de l’APL.
Les livraisons et les livraisons à soi-même de logements locatifs sociaux à l’Association foncière logement (AFL) restent soumises au taux de 10 %.
Les acquisitions de terrains à bâtir destinées à des opérations de logement social restent également soumises au taux de 10 % dans un souci de simplification ; la TVA payée sur le terrain restant déductible, l’opération est taxée in fine au taux de 5,5 %, y compris pour l’acquisition du terrain.
Sont également soumis au taux réduit (lorsque celui-ci n’est pas applicable en facturation directe en application de l’article 278-0 bis A du CGI) :
- Les livraisons à soi-même de travaux d’amélioration, de transformation, d’aménagement ou d’entretien (autres que l’entretien des espaces verts et les travaux de nettoyage) portant sur des logements locatifs sociaux faisant l’objet d’une convention conditionnant l’application de l’APL, situés dans un quartier prioritaire de la politique de la ville faisant l’objet d’une convention de renouvellement urbain et dont la construction n’a pas été financée par un prêt locatif social.
- Les travaux de démolition de logements PLAI ou PLUS dans le cadre d’une reconstitution de l’offre de logements prévue par la convention ANRU.
- Les travaux d’extension des locaux ou rendant l’immeuble à l’état neuf, lorsque le destinataire de l’opération est le bénéficiaire des aides ou prêts ouvrant droit à l’APL.
Le bénéfice du taux réduit de TVA à 5,5 %, pour les opérations d’acquisition-amélioration est étendu aux travaux d’amélioration exécutés sur des immeubles ou logements cédés à bail emphytéotique par l’État, par des collectivités territoriales ou par leurs groupements, lorsque les travaux sont financés par un prêt réglementé.
Il est également précisé que le taux réduit de TVA à 5,5 % pour les constructions de locaux destinés à certains établissements médicaux-sociaux est subordonné à leur destination et non à la qualité de l’acquéreur des locaux.
Par ailleurs, le taux applicable lors d’une revente de logement, terrain ou local est celui appliqué lors la livraison ou livraison à soi-même initiale et non comme actuellement, le taux de TVA en vigueur au moment de la revente.
Le tableau suivant est intégré à l’article 278 sexies du CGI :
Concernant les travaux à taux réduit, le tableau suivant est intégré à l’article 278 sexies A du CGI :
Entrée en vigueur : ces dispositions s’appliquent aux opérations intervenant à compter du 1er décembre 2019.
L’exposé des motifs du projet de loi précise qu’il s’applique « aux construction déjà engagées et financées à cette date sous réserve d’être achevées à compter du 1er décembre 2019. »
Réforme de la taxe d’habitation
La loi de finances pour 2018 a instauré un dégrèvement progressif de la taxe d’habitation sous condition de ressources. Ce dégrèvement concernait les contribuables dont le revenu fiscal de référence en 2017 n’excédait pas 28.000 € pour une part de quotient familial.
La loi de finances pour 2020 prévoit notamment :
- Un gel en 2020 des taux de la taxe d’habitation, des taxes spéciales d’équipement et de la taxe pour la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations.
- Une revalorisation des valeurs locatives en 2020 à hauteur de 0,9 %.
- Un dégrèvement puis une exonération de la taxe d’habitation.
A compter de 2023 la taxe d’habitation est supprimée pour les locaux affectés à l’habitation principale quel que soit le revenu du contribuable.
Sont maintenues :
- La taxe d’habitation sur les autres locaux qui est renommée « taxe d’habitation sur les résidences secondaires et autres locaux meublés non affectés à l’habitation principale » ;
- La majoration de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires dans les zones tendues (article 1407 ter du CGI), sur décision de la commune ;
- La taxe sur les logements vacants, applicable en zone tendue (article 232 du CGI) ;
- La taxe d’habitation sur les logements vacants (article 1407 bis du CGI) applicable hors zone tendue sur délibération de la commune.
Une nouvelle obligation déclarative, avant le 1er juillet de chaque année à moins qu’aucun changement ne soit intervenu depuis la dernière déclaration, est créée à la charge des propriétaires. Ces derniers devront informer l’administration fiscale de la nature de l’occupation des locaux en question.
Aménagement de la taxe annuelle sur les bureaux en Ile de France
Une nouvelle circonscription avec un tarif majoré est créée pour la taxe annuelle sur les bureaux en Ile de France à compter du 1er janvier 2020.
Elle regroupe les 1er, 2e, 7e, 8e, 9e, 10e , 15e, 16e, 17e arrondissements de Paris ainsi que les communes de Boulogne-Billancourt, Courbevoie, Issy-les-Moulineaux, Levallois-Perret, Neuilly-sur-Seine et Puteaux.
Un tarif majoré s’applique dans cette circonscription premium pour les seuls locaux à usage de bureaux.
Le tarif normal est fixé à 23,18 € et le tarif réduit à 11,51 € pour cette circonscription.
La taxe annuelle n’est pas modifiée pour les autres surfaces.
Autres dispositions
D’autres dispositions de la loi de finances pour 2020 listées ci-après concernent la fiscalité immobilière :
- La suppression de la taxe sur les loyers élevés des logements de petites surfaces à compter du 1er janvier 2020.
- La mise en place de cas dérogatoires au délai maximum de 3 ans pour justifier de la réalisation des travaux dans le cadre des « éco-PTZ » individuel et « copropriété » et la modification de la date de départ du délai pour les éco-PTZ « copropriété ».
- Le maintien du « PTZ neuf » dans les zones B2 et C.
- La modification de la méthode d’agrément des acquisitions et constructions de logements sociaux réalisées par les organismes de logements sociaux dans les départements d’outre-mer permettant de bénéficier du crédit d’impôt de l’article 244 quater X du CGI.
- L’extension du champ d’application de l’article 244 quater X du CGI aux immeubles situés dans les quartiers prioritaires de la ville (QPV) en outre-mer.
- La création d’une nouvelle catégorie d’hébergement collectif : les auberges collectives.
- L’extension de la garantie du prêt d’accession sociale (PAS) aux ménages acquéreurs l’un logement dans le cadre d’un bail réel solidaire (BRS).
- La prorogation et l’aménagement du dispositif de cession des terrains de l’Etat à l’euro symbolique à la suite des opérations de restructuration de la Défense.
Loi n° 2019-1479 du 28 décembre 2019 de finances pour 2020, JO 29 déc. 2019