Dans un arrêt du 15 mars dernier, la Cour de cassation opère un revirement de jurisprudence en matière de nullité des décisions collectives dans une SAS.
Dans un arrêt du 15 mars dernier, la Cour de cassation opère un revirement de jurisprudence en matière de nullité des décisions collectives dans une SAS.
En effet, comme le souligne elle-même la Haute juridiction, la chambre commerciale, financière et économique de la Cour de cassation jugeait de façon constante qu’il résultait de l’article L. 235-1, alinéa 2, du Code de commerce que la nullité des actes ou délibérations pris par les organes d’une société commerciale ne pouvait résulter que de la violation d’une disposition impérative du livre II du même code ou des lois qui régissent les contrats et que sous réserve des cas dans lesquels il avait été fait usage de la faculté, ouverte par une disposition impérative, d’aménager conventionnellement la règle posée par celle-ci, le non-respect des stipulations contenues dans les statuts ou dans le règlement intérieur n’était pas sanctionné par la nullité (Cass. com., 18 mai 2010, pourvoi n° 09-14.855, Bull. 2010, IV, n° 93).
Elle a appliqué cette jurisprudence aux décisions prises en violation des règles statutaires définissant, en application de l’article L. 227-9, alinéa 1er, du Code de commerce, le champ des décisions collectives dans les sociétés par actions simplifiées en jugeant que la nullité des actes ou délibérations pris par les organes d’une société commerciale ne peut résulter que de la violation d’une disposition impérative du livre II du Code de commerce ou des lois qui régissent les contrats (Cass. com., 26 avril 2017, pourvoi n° 14-13.554).
La Haute juridiction revient sur cette solution, et explique clairement les motivations de son revirement de jurisprudence.
Certes, la disposition statutaire qui réserve, dans ces sociétés, certaines décisions à la collectivité des associés, n’aménage aucune disposition impérative, tirant au contraire parti de la liberté que l’article L. 227-9, alinéa 1er laisse aux rédacteurs des statuts.
Cependant, l’organisation et le fonctionnement de la société par actions simplifiée relèvent essentiellement de la liberté statutaire. Il en découle que le respect des dispositions statutaires qui, conformément à l’article L. 227-9, alinéa 1er, du Code de commerce, déterminent les décisions qui doivent être prises collectivement par les associés et les formes et conditions dans lesquelles elles doivent l’être, est essentiel au bon fonctionnement de la société et à la sécurité de ses actes. Or, les limitations apportées par cette jurisprudence à la possibilité de voir sanctionner par la nullité la méconnaissance de ces dispositions statutaires conduisent à ce que leur violation ne puisse être sanctionnée.
C’est pourquoi la Cour de cassation juge désormais que l’alinéa 4 de l’article L. 227-9 du Code de commerce, institué afin de compléter, pour les sociétés par actions simplifiées, le régime de droit commun des nullités des actes ou délibérations des sociétés, tel qu’il résulte de l’article L. 235-1, alinéa 2, du Code de commerce, doit être lu comme visant les décisions prises en violation de clauses statutaires stipulées en application du premier alinéa et permettant, lorsque cette violation est de nature à influer sur le résultat du processus de décision, à tout intéressé d’en poursuivre l’annulation.
Cass. com., 15 mars 2023, n° 21-18.324